Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

dimanche 29 avril 2007

De Ségoland à Sarkoland


Tout à l'heure je franchirai la frontière : je donne un cours puis déjeune dans le 8ème arrondissement, à quelques mètres du Ministère de l'Intérieur.
Le bus n° 80 m'y emmène, presque chaque dimanche, et me laisse à l'arrêt St Philippe du Roule, rue La Boétie, en face, quasiment, du siège de l'UMP où un compteur électronique égrène, depuis plusieurs semaines, les jours qui nous séparent du second tour.
Pour eux, il n'a jamais été question que leur candidat soit éliminé au premier.


Dans mon 18ème à la fois "popu" et "bobo" (c'est tout son charme), on est chez Ségolène : pas une affiche de Sarkozy (voir mon "reportage" du 22 avril) qui ne soit détournée ou arrachée.
C'est tout juste si les affiches de la candidate ne sont pas ornées de fleurs déposées par quelque pieux adorateur, comme le sont dans la France rurale les niches abritant des statues de la vierge.
C'est ainsi : je vis au pays de Ségolène, plein de "gentils", où règnent la fraternité et la solidarité.

A l'école Flocon, juste en face de chez moi, on vient d'enlever la grande banderole qui dénonçait les expulsions d'enfants étrangers.
C'est une instruction du rectorat qui affirme que ces calicots qui ont fleuri dans Paris sont incompatibles avec la sérénité qui doit règner sur les opérations électorales, les établissements scolaires accueillant des bureaux de vote.


Au "Caveau", sur une place de la République quadrillée par la police en raison de la proximité du Q.G. du candidat de droite, maintenant, "Ségo", comme l'appellent les "jeunes" et les "branchés" fait l'unanimité chez les artistes qui voteront comme un seul homme dimanche prochain, certains par intime conviction, d'autres par antisarkozysme viscéral.


Ce quotidien "ségolien" est certes bien agréable mais, il faut l'avouer, nous cache vraisemblablement une réalité moins... rose.
Ainsi, je déclarai hier à un ami (tous mes proches et relations votent Royal) que, dimanche, prochain, je préférais assister seul à l'annonce du résultat final.
Il serait bien temps, si celui-ci nous était favorable, de descendre dans la rue ensuite et de faire la fête avec le peuple de Paris.
Dans le cas contraire, veillée aux candélabres au son du Requiem de Fauré.


Dans deux heures donc, je franchirai la frontière, Place Clichy, pour m'aventurer en Sarkoland, une contrée où on lit Le Figaro dans la certitude que, le 6 mai, les "rouges" seront renvoyés à leurs combats pour une solidarité dont ici, on n'a rien à cirer.
Consolation, là où je vais, dans cette maison qui abrita, il y a bien longtemps, des "bains" interlopes chers à Proust et autres invertis célèbres, et qui jouxte celle où vécut Jacques Tati, on vote à gauche.
Et l'on y boit de bons vins.
Bon dimanche.





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