Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mardi 25 septembre 2007

Delanoë ohé ohé !

BD Imperator à Charléty (1er mai)

Il y a plusieurs mois que j'ai tout loisir d'observer Bertrand Delanoë au hasard des réunions, meetings et autres assemblées générales.
Quand il se présente puis conquiert la mairie de Paris en 2001, tout le monde se gausse de ce "parfait inconnu" y compris les guignols de l'info (comment vous vous appelez déjà ?).
L'homme a pourtant derrière lui un long passé au sein de la "bande du 18è" où il coudoie Jospin, Vaillant et le bébé Caresche.
Depuis fort longtemps élu conseiller de Paris, il s'impose comme un opposant tenace au système Chirac-Tibéri.
La droite ne se méfie guère de cet homme qu'on décrit comme mondain et qui, de surcroît, a fait son "coming out" au cours d'une émission sur... M6 !
A gauche, c'est plus ou moins la même chose, mais Bertrand Delanoë a labouré le terrain pendant tant d'années que Jack Lang, "ministré" subitement par Jospin pour lui éviter la honte du désaveu par les militants, est forcé de rebrousser chemin.
On connait la suite : Delanoë est élu, grâce, ne l'oublions pas, à l'appoint des "verts" et à des triangulaires dans des arrondissements réputés "imprenables", mais aussi à une mauvaise campagne de Seguin.

Delanoë est une personnalité complexe : bosseur, "mauvais caractère", s'emportant facilement, séduisant, habile rhétoricien sachant admirablement faire prendre des vessies pour des lanternes, bretteur redoutable, Monsieur le Maire a pu ces six dernières années faire taire ceux qui dénonçaient son manque d'envergure.
Le personnage, de par ses qualités et ses défauts, fascine et irrite à la fois : sa faconde lui permet de balayer d'un revers de la main -il fait souvent le geste- toute velléité de contestation.
Hier soir encore, je le regardais faire son "numéro" devant une assemblée quelque peu houleuse de socialistes "de base", ces gens qui sacrifient beaucoup de leur temps en collages et tractages divers.
La discussion porte sur la "tête de liste" dans le 18è où Daniel Vaillant règne en maître depuis 1995 et il y a de l'eau dans le gaz car les militants, dans leur majorité semble-t-il, ne comprennent pas que la règle du non-cumul ne s'applique pas à l'ex ministre de l'intérieur.
Maniant habilement la chèvre et le chou, Delanoë ne parvient pourtant pas à retourner la salle et, pendant les prises de parole, trépigne, s'offusque, tape des pieds et nous la joue "diva" en lançant des "si c'est comme ça, on est mal barrés".
Jouant tour à tour les modestes ("je ferai, si on l'emporte, qu'un deuxième mandat"), il menace ("après tout, ça pourrait être un autre") et s'empêtre dans ses explications, répondant à côté avec brio, c'est sûr, mais à côté.
On pourra le comprendre : Delanoë-Vaillant, c'est un vieux tandem bien rôdé et on sent le Maire déchiré entre la règle qu'il a voulu imposer et ses sentiments pour son vieil ami.

Personne, bien entendu, ne remet en cause le boulot formidable entrepris à Paris après des années de règne sans partage (sauf entre copains !) de la droite.
Delanoë, il en joue fort bien, pour les militants socialistes, c'est "superman"; mais les échecs répétés ont donné à la base une formidable envie de donner un grand coup de pied dans la fourmilière, de rénover, de tourner la page .

B.Delanoë, même s'il bénéficie d'une bonne cote d'amour auprès des parisiens, n'aura pas la partie facile, pris entre deux feux : un parti qui gronde et une élection qui, quoi qu'en disent des sondages peu crédibles à 6 mois, est loin d'être gagnée même si elle est gagnable.
Il sait qu'à Paris, l'UMP jettera toutes ses forces dans la bataille qui ne s'est jamais résignée à la perte de la capitale, que personne ne lui fera de cadeau y compris et surtout chez ses alliés de la première équipe.

Mais ce diable d'homme est capable d'arracher une fois encore la victoire.
Ou de faire une grosse connerie ?



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