Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

jeudi 29 novembre 2007

Crèmeries et salaisons.

Tu parles !


A l'heure ou plusieurs centaines de consommateurs -dans consommateurs, il y a "mateurs"- faisaient la queue, hier, pour accèder à l'"iphone" de Mac Intoche, la vie continuait.
A l'Intermarché du boulevard Ornano, on propose des "premiers prix" à ceux qui ne peuvent s'offrir les "marques" ; "Top Budget", ça s'appelle.
Dans les produits vendus sous cette appellation, on trouve quantité de saloperies chimiques à vous dégoûter d'être "économiquement faible" comme on disait à Antibes quand j'étais petit et que nous sollicitions un crédit au "Bon lait" pour attendre la "solde".
J'ai maintenant presque honte de sortir un camembert "Lepetit"* du caddy devant un client qui topbudgétise plein le cabas.

Un peu plus "haut de gamme", pour les un peu moins pauvres, il y a les "Leader Price".
Les produits sont souvent bons si la fréquentation de La Grande Epicerie ou de Fauchon* ne vous a pas rendu trop difficile.
J'en achète fréquemment, ce qui me permet d'analyser le pourquoi de la différence de prix avec les marques qui font de la pub à la télé.
Ce qui permet de vendre moins cher tout en faisant du profit, c'est le conditionnement : on ne met pas de feuille de plastique, par exemple, entre les tranches de jambon cru ce qui en rend la séparation plus ardue (il faut une pince à épiler).
D'ailleurs, la pince à épiler et une paire de ciseaux ou un couteau bien affuté (mais attention : prévoir une trousse d'urgence) seront nécessaires à l'ouverture de votre contenant.
Ils ont quand même marqué "ouverture facile" pour faire comme les grands et, en bas, à droite, il est écrit "tirez ici" comme chez Madrange*.
D'abord, vous faites comme vous avez appris chez Fleury Michon* : vous y allez tranquilou avé l'ongle, d'un geste qui se veut assuré.
Mais là ça se complique, ça veut pas : la fine pellicule fait de la résistance, s'obstinant à adhérer à la barquette de carton plastifié ; vous l'entendez gueuler "je suis là pour protéger le produit, je le protège !".
Vous essayez alors d'y aller (doucement, hein) avec la pointe de votre couteau et ça veut pas non plus.
Excédé, vous vous résignez à couper le coin avec les ciseaux et vous parvenez enfin au but.
Là vous tirez le plastoc et patatras : ça se déchire dans tous les sens, ce qui a pour effet, quand vous avez prélevé votre tranche de jambon pour vous faire un croque-monsieur (ou madame selon vos attirances) de laisser votre marchandise à l'air libre dans le frigo.
Et vos tranches de jambon, dès demain, vous allez les trouver racornies, avec une sale couleur et une consistance cartonneuse.
Vous me direz, car vous avez le sens pratique : -Pianiste à la manque, tu dois avoir chez toi du "film transparent" et y envelopper ton jambon, eh, patate !
Voui, mais si votre film truc, vous l'avez acheté chez LP et que, donc, c'est pas du "Albal", eh bien, voyez-vous, c'est du film déchirable.
Parfaitement.
Pour le lait UHT, c'est pareil : l'opercule en alu, sous le bouchon à vis, y veut jamais non plus : faut faire un trou.
Le lait en boîte, lui, est vachement vicieux : il dispose d'un anneau à tirer comme sur les canettes, mais ce salaud d'anneau vous reste à tous les coups dans la main et il y a une photo à faire tellement vous avez l'air con.
Il faudra faire appel dans ce cas à un ouvre-boîte ou, à défaut, à un marteau et un clou pour pratiquer deux trous afin que le liquide de pis s'écoule, et pis c'est tout.
Pour les fromages, ne tergiversez pas, de toutes façons c'est râpé, si je puis dire : vous ne parviendrez jamais à ouvrir correctement l'emballage de votre Cantal (jeune) qui est scellé, le scélérat.
Etre pauvre (et par les temps qui couvrent, ça vous fait des majorités), ça se mérite, Monsieur.

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