Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mercredi 13 février 2008

Quel est le plus beau film du monde ? (26)

Il y a de fortes chances pour que ce soit :

Arletty (Garance) et Jean-Louis Barrault (Baptiste) : bouleversants.

Maria Casarès (Nathalie), immense comédienne.

Frédérick Lemaître (Pierre Brasseur) et Garance (Arletty)

L'un des plus beaux rôles de "méchant" de l'histoire : Lacenaire, interprété par un Marcel Herrand au sommet.

Synopsis :
1840, boulevard du crime. Les amours contrariés de Garance et du célèbre mime Deburau, tous deux séparés par d'autres amours : Lacenaire, Frédérick Lemaître et un richissime comte pour Garance, la fidèle, aimante et malheureuse Nathalie pour Baptiste.


Lors de mon premier séjour à Paris, j’avais vu le film au Ranelagh qui le projetait tous les dimanche.
Le cadre de ce théâtre très ancien tout en boiseries était un parfait écrin pour le chef-d’œuvre de Marcel Carné où l’art dramatique et la pantomime jouent un rôle majeur.
Las, la pellicule y fut tellement déroulée que la copie se trouvait dans un état lamentable : tâches, griffures et collages lacéraient l’image.
Quant à la piste sonore optique, elle était devenue quasiment inaudible.
Malgré cela, le film gardait toute sa magie, les aficionados présents dans la salle connaissant pour la plupart l’œuvre par cœur.

Consacré encore en 1995 comme « meilleur film de tous les temps » par des critiques de tous pays, « Les enfants du Paradis* » accumule les atouts maîtres :

- un scénario en roman classique et dialogues éblouissants de Jacques Prévert,

- une mise en scène inspirée de Marcel Carné,

- les plus grands comédiens de l’époque (Arletty, Maria Casarès, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur, Marcel Herrand, Pierre Renoir… ,

- des « seconds rôles » de haut vol, parmi lesquels Marcel Pérès, Gaston Modot ou Jeanne Marken en Madame Hermine,

- le meilleur décorateur, Alexandre Trauner, contraint de travailler au film dans la clandestinité dans la période (occupation) où le film fut tourné (aux studios de la Victorine, à Nice),

- une musique originale de Maurice Thiriet dirigée par Charles Münch, pas moins.

On le voit, tout était réuni pour parvenir à un film qui frôle la perfection, à cette grâce qui irradie en permanence ces « Enfants… » inoubliables.

Le DVD : il existe en France 2 éditions, l’une chez René Chateau, l’autre, celle que nous avons visionnée, chez Pathé.

Pathé a procédé à une restauration minutieuse de l’image (au dessus de l’édition Château, très correcte) qui rend justice au travail des « chefs op’ » et à la direction artistique de Leon Barsacq, mais a cru bon d’offrir une piste 5.1 complètement incongrue (les 3 coups de « brigadier » au début de chacune des 2 époques semblent venir du « Soldat Ryan » !), accentuant les défauts de la prise de son, d’époque.
J’ai eu heureusement l’idée, après 5 minutes de « son d’ambiance » d’opter pour la piste 2.0 bien plus conforme à l’originale en mono.

Si vous n’avez jamais vu ce film, ces défauts sonores se feront rapidement oublier et je crois même que mon compagnon de séance, hypnotisé, ne les a pas relevés.

Notes :
-le film (3h25 à l'origine) est présenté en 2 époques, pratique courante à l'époque pour les très longs métrages qui voyaient le public revenir la semaine suivante ou plus pour voir la suite.
-tournés sous l'occupation, "Les enfants..." ne purent sortir en salle qu'en 1945.

* Le "paradis" désigne la partie du théâtre, appelée également "poulailler" où se pressaient les "petites gens", le film reconstituant magnifiquement (le grand Trauner aux décors !) le Boulevard du Crime (aujourd'hui boulevard du Temple), haut lieu des liesses populaires et des... malfrats, et le Théâtre des Funambules où le mime Deburau (J.L. Barrault, ici) attirait les foules telle une "rock star" d'aujourd'hui.

Sacha Guitry a consacré au maître du mime, un film tout simplement intitulé "Deburau".

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