Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

jeudi 22 mai 2008

Le candidat

Manuel et Léonard, en "répèt" à Gaveau l'an dernier.

Le Conservatoire National de Région de la rue de Madrid, dans ces locaux occupés dans mon jeune temps par le Conservatoire National Supérieur de Musique, accueille des élèves en "classes à horaires aménagés".
C'est un principe similaire aux "sports-études" : la moitié du temps est réservé aux études scolaires, l'autre aux études musicales.
C'est un système formidable, mais si l'on y réfléchit, qui demande des efforts particuliers, puisqu'il faut intégrer un programme en deux fois moins de temps que les élèves "ordinaires".
Il y a beaucoup de candidats à ce statut privilégié pour qui est "mordu" de musique... et peu d'élus, car peu de place (le CNR compte près de 1600 élèves).
Hier, mercredi, mon élève à moi de 15 ans et demi qui s'appelle Manuel, passait le test d'admission pour la classe de 1ère.
Au programme la Sarabande de la 3ème suite anglaise de Bach, et le final de la sonate Pastorale de Beethoven et un déchiffrage rapide : on vous donne une partition à lire pendant 5 minutes et vous la jouez ensuite devant le jury.
Ayant moi-même connu par le passé les affres du candidat, je mets tout en œuvre pour dédramatiser ce genre d'évènement ; facile, en l'occurrence, mon disciple étant d'un tempérament très "cool" à la limite du "peace and love".
Nous n'étions guère inquiets finalement, les six semaines de préparation s'étant déroulées dans les meilleures conditions, toute forme de stress évacuée, dans le climat de sérieux et de décontraction que j'affectionne et dont j'ai fait la "manière d'être" de l'école que j'ai créée.

Les épreuves se sont déroulées le matin, à huis-clos, prof et maman d'élève fumant cigarette sur cigarette dans le jardin attenant pendant que l'apprenti-pianiste jouait sur un Steinway ("trop bien, le Steinway" nous a-t-il dit) avant de nous rejoindre, assez content de sa prestation.
Petit café au bar du coin, qui est vraiment dans un coin (rare !), retour vers le 18ème pour déjeuner, dans l'attente du résultat annoncé pour le début d'après-midi.
Re-café à la maison devant une vidéo de Michelangeli.
A 14 heures coup de fil au conservatoire où l'on me dit que les résultats ne sont pas communiqués par téléphone.
Nous voilà repartis vers le cons. dans un bus 80 que je n'ai jamais trouvé aussi lent.
Les noms des élèves reçus sont notés pour l'heure sur un carnet signé du Président du Jury, posé sur la banque d'accueil.
Là, il n'y a que deux noms, dont celui de Manuel qui accueille mon "c'est bon !" d'un laconique et discret "super !".
Nous repartons sans réaliser vraiment et préférons faire à pieds les 68, 97 km, voire moins, de parcours vers notre quartier.
Nous retournons tranquillement finir la vidéo de Michelangeli, rejoints chez moi par Leonard B., autre élève, supporteur de Manuel avant de retourner à l'école de musique pour un cours tout en euphorie.

C'était une sacrée belle journée.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ben quoi
il a un bon prof
et pis c'est tout.
...
et du talent, bon d'accord