Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 28 juillet 2008

Tous ne sont pas en Avignon


On dit que cette année le festival « off » d’Avignon accueille près de 1000 spectacles (en comptant les artistes et compagnies qui ont déserté depuis longtemps faute de spectateurs).
Le « off » d’Avignon, créé lors des grandes remises en question du milieu des années 60, est devenu une grande foire du « théâtre » où le pire côtoie le meilleur, de « café-théâtre de boulevard » mêlant allègrement histoires égrillardes de fin de banquet et pseudo-pièces bâties autour d’un titre racoleur (Couscous aux lardons !) en spectacles du meilleur niveau comme ceux de la troupe « Comédiens et Cie » dont j’ai eu l’occasion de parler ici.
En Avignon, où je ne suis pas allé cette année, une poignée de copines et copains de grand talent se défoncent sur les planches quotidiennement pendant 3 semaines : cette année, outre ce cher Gustave Parking, un habitué, on peut applaudir l’excellente Karine Lyachenko, un Olivier Perrin plus provocateur que jamais, Eric Antoine (réalité ou illusion ?) au physique beethovénien en des one-man (et woman) show de haute volée.
Mais pour la première fois, donc, depuis près de 10 ans, j’ai évité les chaleurs moites du festival et ses foules bruyantes sans regret aucun.

Je n’ai pas hésité cependant, en compagnie de l’ami J.B en son confortable carrosse (c’était vendredi dernier) à aller jusqu’à Metz et, de là, en un improbable village du nom de Buding, pour fêter l’anniversaire d’Eric Mie, comédien-humoriste-chansonnier-chanteur et j’en passe, qui, en cet été 2008 incarne 3 personnages dans une adaptation réussie d’un « Till l’espiègle » (« Ulenspiegel » en langue flamande) où des comédiens professionnels se mêlent à des amateurs du lieu.
Fresque paillarde, chanson de geste, ce Tyll, donné en milieu naturel à des années-lumière de la civilisation, par une troupe plus qu’impliquée, est un spectacle revigorant contant les aventures du héros flamand, symbole de résistance à l’envahisseur de toute origine.
J’avais lu, dans l’enfance, l’histoire de ce personnage qui, au-delà de ses facéties, est de la race des grands agitateurs, défiant toute forme d’autorité, politique ou religieuse.
J’avais vu aussi le film que réalisa et interpréta Gérard Philippe, ce grand acteur dont la gloire inonde encore la cour du Palais des Papes… en Avignon !
Celle du moulin de Buding, vendredi, respirait le même amour du théâtre, cher à Jean Vilar, la même joie de jouer la comédie, la même énergie.
Ça valait bien les 600 bornes aller-retour de ce voyage-éclair.

Gérard Philippe dans "Les aventures de Till l'espiègle" de J.Ivens et G.Philippe -1956-

Le "Tyll 2008" prend un spectateur à partie.

Après Mounet-Sully et Charles Dullin, Eric Mie ?

1, 3 et 4 : photos de l'auteur

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