Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

dimanche 12 octobre 2008

Une femme impressionnante


Sylviane Agacinski s'appelle aussi, dans le privé, Sylviane Jospin.
Mais la femme de l'ancien premier ministre peut s'affranchir aisément de son état civil, son immense talent se suffisant à lui-même.
Cette élève de Gilles Deleuze et ex-compagne de Derrida, cette femme d'exception vit sa vie en philosophe : il le faut sans doute pour vivre aux côtés d'un homme dont le parcours a subi autant d'avatars.

Hier soir, en direct sur le plateau de L.Ruquier, (dont l'émission s'élevait cette fois à un niveau rarement atteint), Sylviane Agacinski a transcendé le débat, convaincue, convaincante, brillante, claire, nette, précise.
L'écrivaine y présentait son dernier ouvrage "Le drame des sexes. Ibsen, Strindberg, Bergman"
(le Seuil) dont l'argument éditorial est le suivant :
Pourquoi le rapport entre les sexes est-il aussi dramatique ? Pourquoi, entre eux, le drame, toujours ? La question me poursuit depuis mon enfance. Suivant une vision théâtrale de l'homme et de la femme, il y a l'amour, il y a les conflits, les scènes et l'issue fatale : le retournement du bonheur en malheur. Le rapport à l'autre sexe est-il nécessairement frappé d'une malédiction ? Les femmes en sont-elles les principales victimes, comme chez Ibsen, ou bien, comme chez Strindberg, le malheur frappe-t-il aussi les hommes ? Les deux, bien sûr, car c'est toujours de l'autre que vient le drame, comme dans le cinéma de Bergman. Pour ce grand metteur en scène du couple, rien n'est plus réel que l'amour, ce qui ne l'empêche pas de faire dire au diable, dans un de ses films : " Que serait l'enfer, sans le mariage ? ". le théâtre de la conjugalité ne se joue jamais d'un seul côté, il a lieu entre les deux. C'est le jeu entre les passions que donne à contempler le drame, sur scène, laissant la parole aux deux parties.

Et là, sur le plateau d'une émission "de divertissement", cette femme-lumière nous éblouissait, laissant sans voix un Zemmour qui fait de la misogynie son fonds de commerce, parvenant à captiver un auditoire que la pénible prestation de Laurence Parisot (Madame Medef) avait plongé en léthargie.
Le comédien Patrick Timsit, subjugué, résuma fort bien la situation : "cette femme nous tire vers le haut".

Biographie de l'auteur
Philosophe, Sylviane Agacinski enseigne à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Elle a publié au Seuil Politique des sexes (1998), Le Passeur de temps, Modernité et nostalgie (2000), Journal interrompu, 24 janvier-25 mai 2002(2002), Métaphysique des sexes, Masculin/féminin aux sources du christianisme (2005) et Engagements (2006).

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