Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mercredi 11 février 2009

Notre Fellag qui es aux cieux.



Sur la scène du Théâtre du Rond-Point (des Champs Elysées) il volète entre les draps qui sèchent sur une terrasse algéroise imaginaire, esquisse quelques pas de danse chaplinesques et dit un texte écrit en dentelle, drôle, émouvant, humain.
Chaque soir, dans une salle archi-comble, Fellag tente de panser, grâce à l'humour, les plaies de son pays malade, veut réconcilier tout le monde, s'essayant à refermer les blessures encore ouvertes.
Et il y parvient à coups de talent, de verve, de tendresse.
Oui, c'est cette tendresse, sous les mots en deux langues mêlées, qui est le ciment d'un spectacle en totale générosité.
"Tous les algériens sont des mécaniciens" nous emmène là-bas, pays de soleil et de tragédies où, comme ici souvent, l'humour est d'auto-défense.
Au-delà de la cocasserie des situations, Fellag, accompagné sur scène de la comédienne Marianne Epin, nous apprend l'Algérie d'aujourd'hui, celle des chinois qui ont mis la main sur la plupart des grands chantiers et ne comprennent pas le mode de fonctionnement du travailleur algérien, celle des travaux du métro où s'engouffrent chaque jour ouvriers et ingénieurs et qui ne voit jamais le jour, celle des "Monsieur Saïd" et du "sage" chargé de le "dépolluer", celle où l'eau courante ne court (pas) qu'à heure fixe si parcimonieusement qu'une vraie douche est un exercice qui demande une infinie patience...
Face aux tracas permanents de l'existence joue une solidarité de chaque instant : tombez en panne avec votre vieille voiture tchèque ou votre 504, et tout le quartier devient garage avec cénacle de spécialistes penchés sur le véhicule récalcitrant.
Les anecdotes, dont beaucoup sans doute autobiographiques, émaillent cette trop courte peinture des moeurs d'outre Méditerranée et j'entends avec émotion prononcer le nom du paquebot "Ville d'Oran" sur lequel, presque encore nourrisson, je vécus une nuit d'angoisse sur un mer pour une fois démontée.
Pas un moment de vide, pas d'effets putassiers, pas d'esbrouffe : le spectacle de Fellag est joyeux, profond, chaleureux, dans un style qui n'appartient qu'à lui mais fait penser - quelles références ! - à la comédie italienne des Risi et autres Scola, à Pagnol et, oui, à Chaplin.
Ce qui n'est pas rien.

Merci, Monsieur Fellag !

Voir aussi un article de janvier : Fellag, un mec bien ! (cliquer sur le titre).
Fellag, site officiel : clique moi dessus.

Fellag joue au Théâtre du Rond-Point du 23/01 au 28/02/2009.
Les représentations ont lieu tous les jours sauf le lundi et débutent à 18h30.

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