Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 10 août 2009

Quel remake !





Revenu blessé de la guerre de Sécession, Dan Evans a établi sa famille dans un ranch. La sécheresse a ravagé ses terres, décimé son troupeau et miné la considération que lui portent sa femme et ses enfants, en particulier son aîné Will, âgé de 14 ans. A la suite d'une attaque de diligence, le célèbre bandit Ben Wade passe par la ville de Bisbee où il est arrêté avec le concours fortuit de Evans. Recherché pour ses hold-up et ses meurtres répétés, Wade doit être convoyé vers Contention, à trois jours de cheval, pour embarquer sur un train à destination de Yuma, où se trouve le tribunal fédéral.

Les cinéphiles les plus acharnés auront reconnu le point de départ de l'un des westerns les plus mythiques de l'histoire du cinéma, le 3h10 pour Yuma de Delmer Daves réalisé en 1957 avec Glenn Ford dans le rôle de Ben Wade et Van Heflin dans celui de Dan Evans.
Cinquante ans plus tard, un cinéaste dont la carrière (toute fraîche il est vrai) ne comporte rien de transcendant, même pas son "Walk the line", film sur Johnny Cash interprété par J.Phoenix, revu récemment et finalement décevant, s'attaque au scénario inspiré du roman d'Elmore Morand, écrivain souvent adapté au cinoche.
Eh bien, ici, Mangold redonne au western, genre très peu abordé ces dernières décennies, ses lettres de noblesse, réussissant l'exploit de faire en sorte que jamais le film de Daves ne vienne se rappeler au spectateur qui a vu l'original et le remake.
Passionnant de son début jusqu'à à l'extraordinaire scène finale (vive le dts 6 canaux !), grâce, il est vrai, à ce scénario en béton, mais aussi à la manière moderne, très cinéma d'action du 21è siècle (on pense à Michaël Mann, gros plans en moins) et à une distribution judicieuse où Russel Crowe et Christian Bale crèvent l'écran sans que soient négligés les seconds rôles (dont le déjà vétéran Peter Fonda en chasseur de primes et un Ben Foster haïssable à souhait), 3h10 pour Yuma mérite mille fois mieux que la discrétion qui accompagna, en France, sa sortie au cinéma puis en vidéo.
C'est toujours ainsi que devrait être, on peut en rêver, le film d'action : généreux en scènes qui "bougent" et fin dans la description de la psychologie des personnages.
Car, si, à aucun moment, Mangold ne laisse le spectateur s'assoupir, il ne le prend pas pour un imbécile, lui permettant de tirer la leçon "humaine" de cette histoire, à savoir que l'homme est rarement humain...
Divertissant, toujours élégant, passionnant, classieux, contenant quelques plans d'une réelle beauté, 3h10 pour Yuma nous rassure : le western n'est ni mort ni enterré !


1 commentaire:

David a dit…

Petite objection votre honneur sur "Walk the line". D'un autre côté, je ne l'ai pas revu... peut-être réviserai-je alors mon jugement.