Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 15 février 2010

Faits vrillés*

Ce matin je me suis levé tard.
C'est un privilège que de n'avoir à "travailler" qu'en après-midi et en soirée.
De larges nappes bleues trouent aujourd'hui, éphémères sans doute, le ciel parisien de cette journée de février ; le froid s'est fait moins vif ; j'ai pu boire un café sur le balcon, observé jalousement par les élèves du lycée, en face.
Il y a des travaux au premier,  dans mon immeuble-gruyère dont je me demande comment il tient encore debout.
En fermant la porte du salon, je n'en perçois heureusement que l'écho.
J'ai pu écouter un vieil enregistrement de Claudio Arrau jouant avec une finesse que je lui envie une sonate de Mozart que je jouais dans mon jeune temps et que j'aime faire découvrir à mes élèves dès qu'ils ont la capacité d'égrener convenablement ces traits de double-croches délicats.
D'une autre sonate du génie de Salzbourg, le petit Lorenzo a donné dimanche dernier au Concours Musical de France une version surprenante d'intelligence, de maturité.
Le petit Lorenzo, 12 ans, est doté d'un physique qui rappelle le doux Franz Schubert qu'il ne pourra jouer bien que lorsqu'il aura visité un peu plus de Mozart ; et du Beethoven aussi peut-être ; ou du Haydn, même, plutôt.

Il y eut un joyeux bordel au Caveau, hier après-midi.
Détroit avait amené sa chienne qui glapissait lorsque son maître était sur scène ; Marco, lui, était venu accompagné de sa toute petite fille : un enfant de cet âge contraint de passer l'après-midi dans les loges du Caveau, ce n'est pas évident.
Mais nous l'avons adoptée, la chérie et papa lui avait programmé des films d'animation sur son ordinateur portatif.
A la reprise d'après-entracte, une vieille dame s'est étalée dans une travée alors que j'avais déjà lancé le spectacle.
Dans ces cas-là, le spectacle doit continuer et l'on de peut se permettre de "perdre" le public : j'ai donc vanné sur l'incident, imitant le deux-tons d'une ambulance (la fa la) au piano pour maintenir l'ambiance.
Quand je regagnai le hall, la dame perdait son sang en abondance et vinrent messieurs les pompiers.
Dans la salle, les spectateurs riaient et applaudissaient le sieur Marco précédemment cité.
Je m'apitoyai faussement : j'étais surtout fier et heureux d'avoir "assuré".
Pour faire rire, pour le Spectacle, on peut devenir un fieffé salaud.

Le soir je suis allé au cinéma avec mon vieil ami Socrate qui est grec (vous ne l'auriez pas deviné, n'est-ce-pas ?).
Pour lui faire plaisir, car je n'étais guère tenté, nous avons vu "I love you Phillip Morris" au Pathé de la Place de Clichy.
Nous avions pour voisin Jean-Paul Gaultier qui semblait aussi consterné que moi.
D'une histoire réelle, les réalisateurs ont fait une chose qui hésite constamment entre comédie et tragédie et ne parvient en fin de compte ni à émouvoir ni à faire rire.
Jim Carrey que j'avais bien aimé dans Man of the Moon y est insupportable de lourdeur cabotine.
Dans le genre "histoire d'un escroc", le film de Spielberg "Catch me if you can" a une toute autre saveur.
Nous passâmes une excellente soirée, terminée autour d'une excellente pizza chez "Pulcinella" où je vais fréquemment réviser mon italien.
J'en aurai besoin puisque je pars pour Rome prochainement afin de voir l'immanquable expo consacrée au Caravage.

*Pour le titre, c'est lundi.

 
"I love you...", mais pas moi.

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