Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

vendredi 16 avril 2010

Printanières


Proust est partout.
Pas Marcel, non, Gaspard !
On ne peut ces jours-ci ouvrir un "news magazine" ou un simple Libé sans tomber sur un article (élogieux) ou une interview de l'ami humoriste cinglant.
Hier, c'était un entrefilet assorti d'une photo dans le supplément ciné-télé-sorties du Nouvel Observateur.
C'est dans le Nouvel Obs' proprement dit de la même livraison, que j'ai découvert en rentrant du bureau du caveau, un long "papier" avec image sous le titre "Gaspard Proust Rire sans frontière", un entretien bien mené par Jean-Gabriel Fredet dont on subodore qu'il est devenu "accro" au talent de l'humoriste ; en exergue, il le définit ainsi : "Odieux, désespéré.Ou notre semblable, notre frère ?"
Pour une fois, G.P. semble sortir de son personnage (exceptée une "vanne" sur les curés) et se livrer un peu plus ; car l'homme a pour habitude de pratiquer l'art de la pirouette à chaque interview.Ici, le lecteur en apprend un peu plus sur celui qui sait si bien que dans ce métier, il faut savoir s'entourer de mystère.
Me faisant de temps à autre l'honneur considérable de préférer ma compagnie à celle d'une "pupute" pour apprécier un grand vin ou un lapin à la royale, ce trentenaire wagnérien est l'une des plus évidentes "têtes froides" qu'il m'ait été donner de rencontrer.De même qu'il semblait s'amuser de ses bides successifs des mois anciens, le succès (le Studio des Champs Elysées refuse du monde !) n'entame en rien sa manière de penser.
Penser étant sa principale occupation.

Stendhal, le vrai, le seul, l'unique, m'accompagne jour et nuit depuis mon retour de Venise.
Evident pour quelqu'un qui aime à visiter l'Italie en solo comme le fit Beyle en d'autre siècle moins vulgaire que celui que nous subissons.
Quelque esprit malin m'aura soufflé de mettre mes pas dans ceux de l'auteur de "Rome, Naples et Florence" (1817, comme le temps passe !).Je relis "Le rouge et le noir" et vais me projeter l'adaptation cinématographique très académique que Christian Jaque fit de "La chartreuse de Parme".
Académique, oui, mais il y a Maria Casarès, impériale, touchante, et Gérard Philippe, touchant, impérial.
Renée Faure est belle.
Et aussi une sublime photo en noir et blanc qui alterne le clair et l'obscur.

Gérard Philippe & Renée Faure in "La chartreuse de Parme"

Je ne vais guère au cinéma ces temps-ci.
Les projections pour les amis occupent mes soirées sans théâtre.
Je vais avoir l'occasion de me rattraper pendant les vacances scolaires et ne manquerai pour rien au monde le film sensuel de Lou Ye "Nuit d'ivresse printanière", oeuvre d'un cinéaste chinois interdit au pays de Mao.
Il y aussi, d'un autre genre, le film de Paul Greengrass "Green Zone" où l'on constate une fois de plus que le cinéma américain a plus de facilité que le nôtre à pratiquer l'introspection : ici, on dénonce le mythe des "armes de destruction massives" en Irak comme un complot éhonté de l'administration Bush.
Mais je médis : on nous annonce un film sur Sarkozy !

Pouvoir rédiger ces quelques lignes en écoutant des concertos de Mozart est, je le sais, un privilège de l'ordre du divin.
J'ai (luxe) des fenêtres dotées d'un double-vitrage qui permet d'occulter tant que faire se peut le tumulte des marteaux-piqueurs du square voisin en travaux.
Ecouter Mozart, lire Stendhal avec, au dehors, un ciel clément qui n'attend que ce fameux "nuage de cendres" pour s'obscurcir dans l'après-midi nous dit-on, c'est d'la balle !

En haut, illustration pour "Les voyages en Italie".

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