Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

dimanche 11 avril 2010

Un concert à Venise

Pas l'ombre d'un concert, d'un opéra ou d'un récital à la Fenice lors de mon trop court séjour.
J'avais une telle soif de musique vivante que je me suis rabattu sur l'un de ces concerts "very typical" que l'on donne chaque soir dans l'une des innombrables églises qui jalonnent la cité des doges.
C'était le concert de Pâques à San Vidal, lieu désacralisé et voué maintenant entièrement à la musique, en fief d'un ensemble dénommé "Interpreti Veneziani".
Vu l'affluence, il faut prendre son billet dans l'après-midi et arriver à l'ouverture des portes pour être le mieux placé possible.
 J'eus la chance de m'y asseoir au deuxième rang, au milieu d'une petite foule hétérogène ; devant moi, des spectateurs finissaient une partie de Scrabble en attendant le début de la représentation pendant que mille éclairs jaillissaient des appareils photo numériques.


Le touriste-photographe lambda a une propension certaine à utiliser le flash en toute circonstance ; c'est complètement idiot, empêchant de voir le sujet dans son contexte réel : vous faites une photo d'un "palazzo" judicieusement illuminé et vous vous retrouvez avec une photo de plein jour !

 
Le concert de ce dimanche pascal ne volait pas l'auditeur : les "Vivaldi" furent interprétés à la vénitienne, avec fougue, l'ombre du "prêtre roux" planant en ces lieux où, dit on, il créa une grande partie de ses œuvres.
Un concerto pour violon et cordes de Haydn fut également honoré plus que correctement.
Je n'en dirai pas autant du "piano et orchestre" de Bach (l'ultra célèbre BWV.1056 en fa mineur) qui fut "exécuté" à un tempo d'enfer (dois-je traduire "Allegro Moderato" du 1er mvmt ?) comme si les musiciens craignaient de manquer le dernier "vaporetto".
Mise à part cette "fausse note", le concert fut agréable et se termina en "mise à feu" par un bis du jeune second violon qui interpréta "Introduction et tarentelle" de Sarasate, compositeur... espagnol dont une rue (chantée par Aznavour) porte le nom à Paris.
Ce fut pour le coup un moment magique, la virtuosité de l'interprète, sa sonorité, son impétuosité, faisaient songer à ce que durent être les concerts du sorcier Paganini, l'une des deux "rock star" du XIXè siècle, l'autre étant le pianiste et compositeur Franz Liszt.
Après les ovations (méritées), ce furent des trombes d'eau qui nous accueillirent à la sortie, comme si les coups d'archet de l'interprète avaient percé les nuages.
Le lendemain matin un soleil souverain régnait sur la Sérénissime.
Les dieux s'étaient calmés.

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