Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 11 octobre 2010

"Les amours imaginaires" : peut (va ?) mieux faire

Les Amours Imaginaires, film du "jeune prodige" québécois Xavier Dolan m'a grandement déçu : après "J'ai tué ma mère", première oeuvre inspirée, de ces tranches de vie qui longtemps nous poursuivent, le cinéaste post-pubère nous donne un exercice de style branchouille en melting-pot Ozon/Godard qui confine à la parodie :
bande originale (Dalida et autres variètes sans Mylène Farmer toutefois) rendue d'autant plus crispante que le projecteur de l'UGC Georges V nous la restitue avec un pleurage insupportable, fins de scènes "cut", ralentis pseudo-savants, couleurs "almodovariennes", ne font pas un style cinématographique.
Les références à Jules et Jim ou au Théorème de Pasolini sont d'une prétention qui, certes, peut apparaître comme inhérente à la boulimie de cinéma d'un tout jeune auteur, mais indiffèreront vraisemblablement le jeune public visé.
En fin de compte, Dolan nous assène un amoncellement de clichés sur la "vie des animaux jeunes", là où des cinéastes plus âgés comme Larry Clark (tiens tiens...) où Greg Araki ont une vision beaucoup plus juste et beaucoup moins "chamallow", cette confiserie tenant une place vachement importante dans cette oeuvrette.
De plus, le jeune Xavier ne parvient à aucun moment à rendre ses personnages sympathiques : le petit gay qu'il interprète lui-même est irritant de frivolité, flanqué d'une copine en cliché "fille à pédés" encore plus insupportable.
Seul, Nicolas, objet du désir des deux adolescents attardés, sauve l'affaire : la "chose", le bellâtre, prouvera en fin de parcours qu'il n'est pas ce que l'on aurait voulu qu'il soit.
Il est le seul à faire preuve d'une quelconque maturité, démontrant que la beauté physique peut aussi cacher un cerveau en bon état de marche.
Les jeunes gens du samedi trouveront peut-être ici quelques similitudes avec leur propre vie.
Cela vaut-il pour autant le déplacement ?
On ira voir le dernier Araki, "Kaboom", pour vérifier que la jeunesse est toujours synonyme de subversion, de rébellion, de transgression.
J'en reparlerai.

 "J'ai tué ma mère" (2009) : apparemment difficile de faire mieux.
Pour l'instant.

3 commentaires:

Kynseker a dit…

Je me tâte à aller le voir. Peur d'être déçu (je le suis souvent au cinéma) ; déjà que son premier opus m'avait laissé un goût bizarre.

Trop fabriqué, trop réfléchi malgré de très bons acteurs (sa mère notamment, splendide de justesse). Peut-être au final trop narcissique et complaisant. Le héros, c'est toujours lui. Se filmer dans ses deux premiers films relève de quelque chose d'assez égocentrique et puéril.

Des filles à pédés, j'en ai quelques unes dans ma vie mais je ne les ai jamais retrouvées au cinéma. Oui, n'est pas Larry Clark qui veut...

Jipsow a dit…

Superbe film, j'ai adoré. Et pour le coup je trouve que Dolan confirme tout ce qu'on dit de lui en bien depuis son 1er film, qu'est ce que ça va être avec le 3ème.
D'ailleurs il est déjà en route, pour son prochain film : Laurence Anyways.
Il parait qu'on peut devenir coproducteur du film et avoir accès à des contenus exclusifs.
Affaire à suivre sur http://www.touscoprod.com/ca/pages/projet/fiche.php?s_id=2&t=fr&l=fr

Silvano a dit…

Ben moi, j'ai pas "adoré".
Je persiste : peut mieux faire... s'il s'intéresse aux autres.