Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 3 janvier 2011

Le trop est l'ennemi du mieux.

Où que mes oreilles traînent, elles doivent subir les attaques de plus en plus fréquentes contre la langue française.
J'ai déjà évoqué les "je suis sur Paris" ou les "je vais sur Nice" qui me font bondir hors de moi-même.
Quand j'entends ce genre d'incongruités, je ne peux m'empêcher de sortir mon humour le plus assassin et de demander, entre autres, "ah, tu viens en hélico ?" (on peut remplacer par "avion" ou "parachute" selon les circonstances).
Les tics de langage sont le plus souvent d'origine télévisuelle ou radiophonique : ainsi, ce sont les journalistes qui ont lancé l'utilisation du verbe "s'avérer" sans l'adjectif qualificatif nécessaire : on peut entendre que, par exemple, "le résultat s'est avéré"; s'est avéré quoi ? avéré positif ? avéré négatif ? avéré nul ?

Mais le plus usité des termes employés à contresens, est l'adverbe "trop", lequel, accolé à divers adjectifs supposés exprimer quelque chose de positif, fleurit à longueur de journée sur les lèvres adolescentes, imitées en cela dorénavant par un nombre croissant d'adultes.
L'adverbe "trop", selon mon pote Larousse, exprime une "quantité excessive".
Ainsi donc, si quelqu'un vous dit que la nouvelle chanson de, au hasard, Lady Gaga, est "trop bien", vous pouvez lui rétorquer que vous allez appeler le compositeur et lui demander instamment de corriger en parsemant son oeuvre immortelle de fausses notes, de reproductions du son d'une craie cassée sur un tableau, ou d'un solo de marteau-piqueur pour rendre la chanson moins bien.
Si on me dit "oooooh, Zac Efron (un bellâtre disneyien), il est trop beau !", je réponds "eh bien, allons à sa rencontre et balançons lui un seau d'immondices mouillé d'eaux usés sur la tronche, et il sera moins beau".
Je pose la question : y'a-t-il mieux que "trop bien" ?
Inversement, si l'on prétend que, c'est ce qui me vient, Sarkozy, est "trop nul", dois-je répondre qu'on n'est jamais assez nul ?
Enfin, et là c'est le pompon -pourquoi se gêner, quand on gâche on gâche) le summum est atteint avec la nouveauté de l'année :
"- Tu aimes ?
- Trop pas !".
Abattez-moi, je souffre trop !

Pourquoi lui et pas un autre, me direz-vous ?
Lui, il est vraiment trop trop.
Trop... ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

eh voui. La langue française n'est pas une langue morte, en conséquence, elle évolue, se tord, se contredit... Il suffit de lire des romans du 19e, bien annotés par les linguistes et universitaires en littérature dans les bonnes éditions, pour remarquer ces perpétuels galvaudages qui font la vitalité d'une langue.

Kikoo-lol-ment votre,
Jerome Rioux.

Silvano a dit…

Oui Jérôme (je vous sens aussi anti-accent circonflexe), c'est un vieux débat.
Je ne fais que pointer certains agacements.
Dans la vie de tous les jours, je m'exprime de façon à être compris par tous, de 6 à 100 ans.
Pour l'heure, je n'emploie pas ce "trop" et ce "sur".
Ça viendra peut-être...
J'ai bien noté que "blog" était entré au dictionnaire...