Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

samedi 11 juin 2011

Laurel et Hardy, duo magique !

J'ai bien conscience que la gazette vire de plus en plus au blog cinématographique.
Qu'on se rassure, je vais corriger en abordant plus souvent la littérature et la musique dite "classique", laquelle, selon moi (et je trouve que j'ai raison) est la plus "moderne" de toutes ne serait-ce que parce qu'elle survit à toutes les autres.
Nul doute qu'avec ces sujets-là, dans le monde où nous vivons, je devrais faire exploser les statistiques de consultation de ces pages...

Pour l'une de ces raisons pédagogiques dont j'ai l'incongru secret, j'ai parlé cette semaine à de jeunes élèves de Laurel et Hardy (la relation avec Debussy et Mozart est évidente, n'est-ce-pas ?).
Et bien voilà, ça y est, ce duo comique est aujourd'hui inconnu des jeunes générations et semble voué à l'inexorable oubli.
Enfant, à Antibes, les curés géraient une petite salle de cinéma, le Club, cheap mais clean (je suis bilingue) où ils projetaient avec deux gros Debrie 16mm, des films ayant obtenu l'aval de la censure (à l'époque sévissait un Office Catholique du Cinéma qui classait les films en catégories allant de "pour tous" à "strictement pour adultes").
J'y vis quelques westerns, des "Fred Astaire", des "Shirley Temple" et des films de qualité moyenne qui me donnèrent cependant l'envie de devenir musicien : "Song without end" (Le Bal des adieux, sur Franz Liszt) ou "Prélude à la gloire" avec le petit chef d'orchestre prodige Roberto Benzi et Jean Marais en pianiste concertiste qui jouait en play-back le 5ème Concerto de Beethoven "Empereur" (il aura tout fait, Jean Marais !).
Le jeudi après-midi (jour de congé scolaire à cette époque) était dévolu aux films comiques.
Ma grand-mère maternelle, qui fut jeune jusqu'à ses 82 ans, âge de sa mort, m'y emmenait : nous trépignions de rire tous deux devant les pitreries de ce tandem loufoque constitué de Stan Laurel (le maigre), venu de la troupe Karno où s'exerça un certain Charles Chaplin (!) et d'Oliver Hardy (le gros) venu lui aussi du burlesque et du cinéma muet.
Nos deux compères se trouvaient plongés, à longueur de films, dans les situations les plus inextricables, poursuivis par un bagnard évadé très très méchant, des bandits de l'Ouest, des troupes de légionnaires, transportaient un piano jusqu'à un chalet de montagne, partaient à la guerre (toujours à la suite d'un quiproquo) ou se coltinaient à des bandits d'honneur siciliens (dans Fra Diavolo).
Leurs personnages étaient très typés, très caractérisés, l'un (le maigre) déclenchant par distraction les pires catastrophes que l'autre (Hardy) prétendait gérer, sans le moindre succès évidemment.
Si je m'y refuse pour tout autre film étranger, c'est dans les versions françaises (avec les voix de l'époque) que j'aime à revoir ces films (pas un seul "chef d'oeuvre", mais que des "bijoux" !) : le doublage leur avait donné des voix dissemblables, caractérisées par un accent plus britannique qu'américain.
Le duo connut un extraordinaire succès de par le monde, engendrant jusqu'aux années 70 une série de dessins-animés sans réel intérêt.
A l'époque de leur gloire la répartition des droits télévisés n'existait pas, de même que les pourcentages sur les entrées : mes deux chers amis, sources de tant de joies, moururent dans la misère.
J'exagérais quelque peu en parlant d'oubli : il existe une flopée de DVD qui comportent aussi des versions "colorisées" de leurs films : sacrilège !
C'est dans leur version d'origine qu'il faut voir ces merveilles qui dansent encore sur l'écran noir de mes nuits blanches.









Pom Pom
Cette courte scène illustre bien les rapports entre les deux partenaires : en fin de compte, qui domine ?


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