Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 25 juillet 2011

Rome, c'est déjà si loin

J'ai repris pieds dans ma vie parisienne.
Qu'elle est loin déjà la chaleur romaine ; se dissipe déjà le brunissement prodigué par Phébus au cours de ces deux semaines italiennes.
J'aime pourtant Paris, mon cercle d'amis retrouvé, la reprise de nos séances de ciné-maison, les conversations à bâtons rompus, le bon vin partagé auquel s'ajoute à heures indues la puissance de cette "grappa" de Chardonnay rapportée de son pays d'origine, fine et racée, à l'exact opposé de ce tord-boyau poivré qu'on vous offre, ici, en fin de repas dans ces pizzerie et autres "ristorante italiano" qui jalonnent notre capitale.
Déjeuner samedi avec F. chez B. qui a la chance de disposer d'un nid d'aigle entre jardin du Luxembourg et rue du Regard où il peut lire, écrire, écouter, penser : on parle bien sûr cinéma et musique, souvenirs, époque.
Deux soirs auparavant, le même trio chez moi : des tortellini en truffe blanche d'été et beaucoup, beaucoup, de musique, du Ravel avec trois chefs d'orchestre : Cluytens et deux amateurs -au sens noble- exaltés sous le regard amusé du "jeunot" fier qu'on l'ait adoubé, admis dans ce cercle intime tracé au long des vingt dernières années, depuis que de l'artificielle "Côte d'azur" on a largué les amarres.
Samson François joue les concertos de Ravel que le jeune homme découvre à son tour comme nous les avions aimés dans la grisaille d'un après-midi de novembre en des temps si lointains et si proches.
On rit beaucoup, évidemment ; on sait les vertus de la dérision qui passent par une vision sans complaisance de soi-même, de nos tics et manies, de nos travers, de ces défauts et qualités dont il faut rire pour exister pour de bon.

Samedi je retrouve le Caveau de la République, ouvert pour la première fois en saison estivale (jusqu'au 27 août, qu'on se le dise).
Etrange (et heureuse) première : je suis surexcité, j'ai le trac.
La "promo" n'a pas encore démarré, mais le public est là, plus nombreux que prévu, détendu, aimablement provincial, nous réservant un accueil aussi chaleureux que le temps, là-haut, est maussade.
La formule d'été est plus "light" qu'en saison dite normale : une heure et demie de spectacle avec trois humoristes et moi pour la musique et l'animation.
La "pub" commence cette semaine : on est très optimiste.
Mercredi, Paul Adam revient : il nous a manqué samedi.
Après le spectacle, avec l'ami Fromet, cheeseburger presque mangeable au Pachy (derme), en face du théâtre : on déride un serveur que l'on verrait plutôt travailler chez Mc Do ou vendre des jean sur les marchés.
Je suis toujours surpris de l'amateurisme, de la désinvolture qui font loi dans beaucoup d'établissements parisiens dits "branchés", ces lieux qui arborent fièrement en enseigne le terme"lounge" depuis longtemps -voire depuis l'origine- galvaudé.
Faut dire que je rentre de Rome où politesse et sourire sont de rigueur.
Il fut un temps où je m'agaçais de cette attitude incivile, m'emportant contre l'incompétence érigée en snobisme attrape-gogo ; je m'en amuse aujourd'hui, surtout si, comme c'était le cas ici, je me trouve en heureuse compagnie.

Laissez-moi revenir à Rome une minute : chez "Armando al Panthéon" où je suis allé deux fois, ne serait-ce que pour la "torta romana" qui justifierait à elle seule qu'on reparte illico pour un séjour SPQR, l'accueil de Claudio est toujours égal, cordial, souriant : le voir officier dans sa cuisine, attentif, minutieux, impérial en son territoire où pianos et ustensiles brillent de mille feux parce  polis et astiqués dans un souci de propreté et d'hygiène rare, est un spectacle en soi, vu de "ma" table en poste d'observation.
C'est ici qu'il faut déguster des crostini à la truffe blanche ou noire selon la saison, des pasta alla verde, le meilleur ossobucco de la planète, une saltimbocca inoubliable et de fameux antipasti dont cette chose merveilleuse qu'on me conseille aimablement la veille de mon départ : tiède, une simple tranche d'aubergine (melanzana) sur laquelle on a déposé de la ricotta fraîche à laquelle on donne un peu de croquant avec des éclats de noix et noisettes, par-dessus la ricotta une tranche de pancetta roulée qui recèle un petit morceau d'abricot frais, le tout est surmonté d'une feuille de sauge pour le mariage des saveurs.
C'est fin à se pâmer, ça fait aimer la vie.
 Tiens, je vous en ai gardé un peu :


Pour l'adresse, contactez-moi.

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