Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

jeudi 15 septembre 2011

Lawrence d'Arabie : plus bleu que le bleu de tes yeux...

 T.E. Lawrence, le vrai !

Revoir "Lawrence d'Arabie" est à chaque fois plaisir renouvelé.
C'est, de tous les films de David Lean, celui que je préfère, mettant à part le plus ancien "Brève rencontre" qu'on ne saurait classer parmi les fresques luxueuses qui firent la gloire internationale du cinéaste depuis le "Pont de la rivière Kwaï".
Jusqu'à "La route des Indes" en dernier opus, Lean emploie Sir Alec Guiness en acteur fil conducteur de son œuvre et ce, depuis ses adaptations de Dickens "Oliver Twist" et "David Copperfield".
Ici, le grand acteur britannique disparu campe un savoureux Prince Fayçal qui symbolise la prise de conscience politique de certains chefs de tribus à l'époque de l'unification de la nation arabe.

Le personnage principal est évidemment ce Colonel (malgré lui) Lawrence, personnage charismatique que l'interprétation hallucinée de Peter O'Toole a gravé à jamais dans les mémoires : ce grand acteur demeurera "Lawrence" pour l'éternité.

Hormis le rôle considérable que Lawrence (l'homme sans nom dans le film, T.E. Lawrence dans la vraie vie) joua, en arabe blond, dans ces contrées où il parvint à réunir dans une cause commune ces tribus qui s'entredéchiraient depuis la nuit des temps,  il laissa le monument littéraire que sont ses "7 piliers de la sagesse", formidable épopée dont Robert Bolt, le scénariste, s'inspira largement pour le film de Lean.
Lequel film, réalisé en 1961, ne peut, vu l'époque, que faire l'impasse sur l’ambiguïté sexuelle de son héros : on y relève cependant quelques allusions, soigneusement disséminées ça et là, et notamment un "je suis différent" explicite pour les initiés.
Les tendances sado et plutôt masochistes du personnage sont également évoquées à travers le "jeu de l'allumette" et une scène de châtiment corporel qui, dans la réalité, dut être plus vraisemblablement un viol.
De même, le film ne peut, malgré tous ses efforts, occulter la véritable nature de la relation entre Sherif Ali (Omar Sharif) et Lawrence.
Enfin, les tout jeunes "serviteurs" du Colonel vouent à leur maître, en fait leur "protecteur" une admiration sans bornes (au sens littéral) qui laisse peu de place à l'équivoque.
"Lawrence d'Arabie", après de multiples visions, fresque épique de haute volée, demeure film intemporel, réussite totale à tous niveaux : casting impeccable (O'Toole impressionnant, Sharif en révélation, Guiness "royal", Quinn à son meilleur), montage incroyable de fluidité, superbe partition de Maurice Jarre et photographie admirable du grand Freddie Young (la restauration d'après le master 70mm doit beaucoup à Steven Spielberg et à Martin Scorsese !) en font l'un des plus beaux films jamais réalisés.

Il obtint 7 Oscars en 1963, dont "meilleur film", "meilleur réalisateur", "meilleure"musique", "meilleure photo"... 

Notable, l'absence du moindre personnage féminin, à l'exception des "ombres" saluant en youyous le départ des bédouins à la guerre.

Sherif Ali (Omar Sharif) et Lawrence (Peter O'Toole) : une étrange (?) relation.

Peter O'Toole : "Lawrence" pour toujours !

La bande annonce originale de 1962 (le film a été restauré avec l'appui de messieurs Spielberg et Scorsese) :


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