Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

samedi 12 mai 2012

Point de vue

C'est fou, on voit Audrey Hepburn partout, ces temps-ci.

J'ai l'impression, étant optimiste de nature, que la société, en regardant dans le rétroviseur, culpabilise d'être rendue à tant de médiocrité.
Avouerai-je que suis jaloux de cette récupération, tant cette femme fait partie de ma vie depuis qu'enfant, je la découvrais dans "My Fair Lady", cette comédie musicale adaptée du Pygmalion de G. B. Shaw ?
S'est instaurée, au fil des ans, une intimité entre l'actrice, parangon d'une féminité classieuse, et moi qui ne suis pourtant guère du genre idolâtre (je tançai, hier encore, un ami que je trouvais par trop "Hollandolâtre", c'est dire !), car voici que je pense avoir vu tous les films où elle apparaît, y compris les pires, dont "Seule dans la nuit", nanar où ma pauvre chérie se voit, si je puis dire, atteinte d'une cécité soudaine, surjouant le mélodrame avec une conscience professionnelle à toute épreuve.

Je reviens aujourd'hui à cette chère Audrey, car la vie de tous les jours (aux minuscules joies, parfois) me la fait croiser au détour du chemin sur une publicité de papier glacé vantant les mérites d'une célèbre marque de lunettes.
Or -suivez, c'est passionnant !-, il s'avère que, tout récemment, j'ai perdu une jolie paire de bésicles qui faisaient office, à la fois, de protège-soleil et de correction visuelle.
Faisant peu après quelques rangements dans mes tiroirs, j'avise une paire de lorgnons "de soleil" qu'un ami m'avait généreusement offerte il y a une bonne quinzaine d'années et que j'avais oubliée là. 
"Mais, m’étrangle-je, ce sont les Rébannes* que portait Audrey dans "Diamants sur canapé" !"
Mon ami me les ayant remises d'un "tiens, des raibanes*" négligent, me vient un soupçon dont je devrais avoir honte : "et si c'étaient des contrefaçons ?"
Ni une ni deux, je dévale les escaliers de l'immeuble, me rend chez l'opticien qui a eu l'excellente idée de s'installer en 1973 de l'autre côté de la rue, dans le but -facile !- d'y voir plus clair.
Le jeune commerçant, ému -il pleure à chaudes larmes,  pour avouer ensuite que ses lentilles de contact en sont la cause- me confirme que non seulement les Reybahn* sont authentiques, mais qu'il s'agit, de plus, d'un modèle issu d'une série très prisée des collectionneurs ! Je passe commande de verres correcteurs d'une teinte presque noire, et les récupère, comme neuves, trois jours après.
Si, d'aventure, -les gens sont parfois tellement méchants- il se trouve quelqu'un, dans les jours à venir, pour me dire que cette monture n'est pas vraiment adaptée à la forme de mon visage, je mettrai cela sur le compte de la jalousie : tout le monde n'a pas la chance de porter les mêmes lunettes qu'Audrey Hepburn et, j'en suis sûr, de la même cuvée !


En cherchant la photo, je suis tombé sur le blog d'une jeune américaine qui s'est mise en tête de se constituer la même garde-robe que Miss Hepburn dans "Diamants sur canapé".
La jeune américaine a les moyens, car, jusqu'à "Voyage à deux", l'actrice était habillée par Givenchy.
Le problème étant que, voyez-vous, la jeune blogueuse est dotée d'un physique si différent (euphémisme) de la Star, que c'en est pathétique...

* Le nom de la marque a été changé pour éviter toute publicité.


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