Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mardi 31 juillet 2012

La Part des Anges : oooooooooh, enfin un bon film !

De longue date, j'aime aller au cinéma en saison estivale.
Las, cette année, après l'expérience malheureuse d'un Carax canonisé par les hautes instances de la critique, je m'y prends à trois cent cinquante-sept fois avant de mettre les pieds dans une salle obscure (de moins en moins obscure, au demeurant, les écrans LCD des smartphones constellant le parterre des cinoches, maintenant !).
Rien ne me tente vraiment par les temps qui courent : ni le nouveau Batman (le moins bon, paraît-il, après recoupements), et encore moins le nouvel opus de Xavier Dolan ("Laurence anyways") qu'on a envie de voir retourner à ses couches d'enfant prodige auto-proclamé, dont j'avais beaucoup aimé "J'ai tué ma mère" avant que l'agaçant personnage ne commence à se prendre pour le nouvel Orson Welles ou pour le fils spirituel de qui vous voudrez.

Ken Loach est depuis longtemps l'une des figures de proue du cinéma mondial dit "intelligent". Engagé à l'extrême-gauche (il soutint Philippe Poutou lors de la dernière élection présidentielle), il a donné au cinéma des films fortement teintés de socialisme (au sens propre), mais aussi de beaux drames (Raining Stone, en 93, ou le très beau "Just a kiss" en 2003). 
Le grand réalisateur britannique a marqué les esprits (dont le mien) dès ses débuts, avec un vrai chef-d'oeuvre, "Kes" (1969) : l'enfant et le faucon restent dans toutes les mémoires de bouffeurs de cinéma.
Palmé à Cannes en 2006 pour "Le vent se lève", qui aborde le sujet de la guerre civile en Irlande, Loach prête le flanc à polémiques. Il se fait aussi fer de lance de la lutte contre toutes les censures.
Anglais, Ken Loach, ne se départit jamais, cependant, d'un sens de l'humour en trait commun de nombreux sujets de sa gracieuse (je pouffe !) Majesté.

Concernant "La part des anges" (enfin, un beau titre français qui ne trahit pas l'intention de l'auteur), jamais un film n'aura autant mérité le label "comédie dramatique" : tout au long de ces trop courtes (!) 101 minutes, on passe du rire aux larmes, à l'effroi, à l'indignation, on jubile, trépigne.
En 2012, après 35 ans d'une magnifique carrière, Loach nous offre (c'est le mot !) un film intelligent, honnête, drôle, émouvant, servi par des acteurs épatants dirigés de main de maître, au nombre desquels les "pieds-nickelés" en petite bande émouvante désireuse de voir le bout du tunnel en commettant une judicieuse escroquerie, nous touchent au tréfonds de nous-même, en nouveaux copains de ces même pas deux heures de bon cinéma. 
Qu'on ne s'y trompe pas, et c'est ce qui fait la force du film, la violence qui sévit au cœur de ces cités d'Ecosse, sourd au travers de chaque scène, malgré la drôlerie de nombreuses situations, l'immense talent du réalisateur consistant à alterner les coups et les chatouilles à l'intention du spectateur constamment ébahi.

Loach, à 76 ans, donne un sacré coup de jeune à un cinéma britannique réduit, ces derniers temps, à courir après ses rentables "4 mariages..." d'antan.
Chapeau !

4 délinquants sur la voie du salut. Quoi que...
Noté un excellente bande-son, une photo de haut vol projetée au Cinéma des Cinéastes en numérique 2K de bon aloi.

Synopsis (AlloCiné) : 
A Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Henri, l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent…


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